Que dire !
Déjà, le synopsis :
Le quotidien des policiers de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs) ce sont les gardes à vue de pédophiles, les arrestations de pickpockets mineurs mais aussi la pause déjeuner où l’on se raconte ses problèmes de couple ; ce sont les auditions de parents maltraitants, les dépositions des enfants, les dérives de la sexualité chez les adolescents, mais aussi la solidarité entre collègues et les fous rires incontrôlables dans les moments les plus impensables ; c’est savoir que le pire existe, et tenter de faire avec… Comment ces policiers parviennent-ils à trouver l’équilibre entre leurs vies privées et la réalité à laquelle ils sont confrontés, tous les jours ? Fred, l’écorché du groupe, aura du mal à supporter le regard de Melissa, mandatée par le ministère de l’intérieur pour réaliser un livre de photos sur cette brigade.
Rentrée depuis deux heures du cinéma et toujours époustouflée, la tête dans le film... Toujours pas faim, l'estomac au bord des lèvres, et le coeur touché par autant d'humanité.
Peu de films m'ont bouleversé autant, et souvent ils traitent de la Shoah. Là nous sommes dans une autre dimension. Celle de la vie de tous les jours, de la vie de mon ancien Paris, de la vie quotidienne de monsieur et madame tout le monde.
J'ai pleuré très fort, et ri très fort, plusieurs fois, les deux. Alors que mes oeils se mouillent à peine le plus souvent. Et quel bien fou ça fait lorsque les mots ne peuvent suffire !
Plusieurs scènes me restent en tête... mais oserai-je les dévoiler ici ? Il n'y a pas un moment où on se dit "non, c'est cliché" ou "cette scène ne sonne pas juste" "non un enfant ne peut dire ça"...
On est pris dans un tourbillon de moments forts, et de moments plus souples où l'humour est là pour désamorcer le dramatique. De bons moments qui servent aussi à renforcer les liens du groupe et qui épongent le sentiment de vide qui les étreignent lorsqu'ils se sentent si impuissants face à ces situations qui les dépassent.
Maïwenn la réalisatrice, qui apparaît à l'écran en tant que photographe de la Brigade des Mineurs, puis s'intègre au groupe n'a storyboardé que les scènes où apparaissent les enfants, sous contrainte de la DDASS, et a laissé les acteurs interprèter leur rôle de manière libre, selon leur propre ressenti, en "saisissant l'instant" plutôt qu'en les dirigeant de manière formelle. Et ceci donne un résultat formidable en matière de véracité d'interprétation, de justesse dans les personnages !
Certes Joey Starr sort du lot tant il est inattendu ici, mais tous sont à louer, tous autant qu'ils soient, et ils sont nombreux. Merci à eux.
L'autre point fort de Maïwenn est de se situer dans le créneau étroit entre documentaire pur et fiction. Tous ces cas relèvent de cas ayant existés, qui ont été soit relatés à Maïwenn, soit observés par elle-même lors de ses observations à la Brigade. Cependant le flot coule et le film nous emporte et nous émeut, à la manière d'Incendies qui avait lui aussi parfaitement réussi l'exercice, les rendant d'autant plus percutants et utiles.
La "banalité du mal" inventée et théorisée par Hannah Arendt est observable ici aussi, et devrait encourager d'autant plus à la prévention auprès des enfants certes, mais aussi des parents, des adolescents.
J'ai été soulagée, heureuse de savoir que des policiers disent à ces enfants "ce n'est pas toi qui l'envoie en prison", c'est ce qu'il a fait lui qui est mal. Heureuse de savoir qu'ils entendent les silences entre les mots et ne laissent pas les adultes minimiser leurs actes sur les plus petits. Heureuse qu'ils demandent aux bourreaux s'ils regrettent leurs actes et s'ils peuvent, pour l'avenir de l'enfant en jeu, s'excuser du mal qu'ils ont fait et demander pardon.
Ce soir, je suis heureuse d'être comme ces gens, d'avoir un métier utile, de servir des êtres en devenir.
Ce soir, j'ai eu envie de serrer très fort mes enfants contre moi.
.... si vous m'avez lue jusqu'ici, merci ! Et filez vite le voir !